Sylvia

Ballet en trois actes 

 

Chorégraphie : Manuel Legris

Livret/Dramaturgie : Manuel Legris et Jean-François Vazelle

Décors et Costumes : Luisa Spinatelli

Lumères : Jacques Giovanangeli

Musique de Léo Delibes

 

 

Création mondiale le 10 novembre 2018 au Wiener Staastoper - Vienne.

 

 

 

Présentation.

 

Le fil d'Ariane...

 

Jusqu'à présent, Sylvia, n'était pour moi qu'un souvenir, celui de cette soirée du 13 décembre 1979.

J'y découvrais ce ballet et les inoubliables, Noëlla Pontois, Cyril Atanassoff, Jean-Yves Lormeau...

Quelques fois on reproche aux livrets originaux leur texte confus, pour ne pas dire d'un intérêt très relatif. Mérante n'échappa guère aux critiques. Il faut dire que les créateurs ne se sont pas embarrassés, mélangeant dieux grecs et romains... On dit même que, lors de la création, le « naufrage » (sic) fut évité grâce à la qualité exceptionnelle de la partition.

Lycette Darsonval corrigeât assez largement tout cela, intégrant nombre de morceaux de bravoure, ainsi que des moments d'une grande beauté.

Cependant, l'esthétique et les pantomimes paraitraient, aujourd'hui peut-être, un peu désuets .

Dans ce contexte, dès l'abord des premières séances de travail nous nous sentîmes investi d'une mission, chargés du poids d'une tradition, d'un héritage à s'approprier, à moderniser, à simplifier sans dénaturer ni trahir.

En premier lieu, nous avons voulu nous souvenir du titre original : Sylvia, ou la nymphe de Diane.

Nous avons souhaité faire de « celle-à-cause-de-qui-tout-arrive », le fil conducteur de l'histoire. Présente ou absente, chacun des protagonistes agit en fonction de la toute-puissante déesse. Elle commande, on craint ses réaction ou bien on la combat... De fait, elle est le point de convergence de toute cette histoire.

Sur la forme, à partir du premier texte proposé, le travail consistait à envisager scène par scène dans les moindres détails ; il me fallut suivre Manuel Legris, pas à pas, dans son souci de précision, sa vision déjà très complète d'un ballet qui mettrait en valeur chacun et chacune des danseurs du Ballet de l'Opéra de Vienne.

Une telle création ex nihilo serait somme toute, assez banale. Mais voilà, Sylvia c'est une page importante et fondatrice de la danse classique.

«... Il est indispensable de retrouver le fil d'Ariane successivement filé naguère par Saint-Léon, Mérante, Staats, Aveline et plus récemment par Pierre Lacotte. C'est en s'appuyant sur ce patrimoine que pourront grandir de futurs chorégraphes.

Des chorégraphes comme il convient, formés aux sources de l'Ecole française et dans sa tradition. »

Nourri de nos échanges tout au long de ses derniers mois, j'aurais pu signer ce texte... Il pourrait-être, sans que Manuel ne puisse en renier un mot, l'expression de son attachement à son Ecole, sa volonté sans faille de transmettre et de faire ainsi briller cette Compagnie.

En qualité de spectateur attentif, je pense que remonter Sylvia à Vienne, prend un accent particulier : la synthèse de ce Manuel nous donnât à voir : toutes les exigences de la danse française, enrichie des apports de danseurs nourris de traditions diverses au premier rang desquelles celle de l'Ecole russe.

Signe que le fil d'Ariane est bien renoué, en fait cette citation reprend mot pour mot ceux de la grande Violette Verdy !

Pourquoi remonter Sylvia ? Parce qu'il faut rendre à la Danse ce qu'elle ne cesse de laisser partir...

 

Le ballet.

 

Les Personnages :

 

Diane : Déesse de la chasse et de la chasteté.

Sylvia : Nymphe de Diane.

Aminta : Jeune berger amoureux de Sylvia.

Éros : Dieu de l'Amour.

Orion : « Le chasseur noir ».

Endymion : L'impossible amour de Diane.

Les Deux Chasseresses principales - Les Chasseresses.

Le Faune, Les Sylvains, Les Satyres : Créatures d'Orion.

Les Nubiennes : Favorites d'Orion.

La Naïade principale - Les Naïades: Divinités des eaux.

Les Dryades : Divinités des forêts.

Les Vestales :  Prêtresses de Diane.

Le Couple de paysans - Le Petit Pâtre - Paysans & Paysannes. 

 

 

 

Prologue.

Entre rêve et réalité.

« Sylvia ou la Nymphe de Diane... »

 

Diane, déesse de la chasse voit Sylvia comme un double d'elle-même, unie à elle par l'amour de la chasse et leurs vœux de chasteté...

Toutefois, la déesse est tourmentée. Au détour d'un regard, ce n'est plus Sylvia qu'elle aperçoit, mais Endymion, cet amour obsessionnel. Celui-là même qu'elle fit endormir à tout jamais, pour le contempler jeune et beau, sans jamais renoncer à ses vœux.

Diane tente de se ressaisir, mais Endymion est là devant elle, il répond à sa passion...La déesse s'abandonne !

Mais bientôt le son des cors la ramène brutalement à la réalité. 

Que les Dieux soient remerciés, c'est bien Sylvia qui est à nouveau devant ses yeux !

Diane saisit son arc : Que la chasse commence.

 

Acte I.

 

La nuit, dans la forêt sacrée, une statue du Dieu de l'Amour : Eros.

 

L'endroit est habité par les esprits de la forêt, qui se cherchent, s'appellent, batifolent gaiement sous la faible clarté des rayons de la lune.

Soudain, sentant l'approche d'un humain, tous se cachent et observent.

Le berger Aminta, revient sur les lieux où, par un soir de pleine lune, il aperçut une chasseresse d'une inoubliable beauté. Il vient ici prier Eros de lui accorder la faveur de la revoir...

Aminta est tiré de sa rêverie par le son des cors annonçant l'arrivée des chasseresses sous la conduite de Sylvia : Il se cache.

Sylvia et ses comparses célèbrent les plaisirs de la chasse. Disciples de Diane, elles ont renoncé à l'amour, et prennent un malin plaisir à se moquer de la statue d'Eros.

Diane de retour, avise le manteau d'Aminta. Elle s'empresse de le montrer à Sylvia, qui aussitôt ordonne à toutes de reprendre leurs arcs et de chercher l’intrus.

Promptement découvert, Aminta est livré aux mains de Diane qui, courroucée, le jette aux pieds de Sylvia.

Soucieux de ce qui l'attend, Aminta trouve le courage de déclarer son amour à Sylvia. Celle-ci, tourne sa colère contre Eros à qui elle décoche une flèche. Aminta tente de protéger la divinité, il s'interpose, la flèche l'atteint, il s'effondre.La statue d'Eros prend vie ; le Dieu de l'Amour, certain de son pouvoir, tire une flèche en direction de Sylvia. Celle-ci porte la main à son cœur désormais ouvert à l'amour !

Impatientée, Diane donne le signal du départ, les chasseresses s'exécutent. Sylvia les suit, abandonnant à regret Aminta.

Avant de se rendre au travail, les paysans invoquent Eros, leur Dieu préféré.

C'est alors qu'Orion, entouré de ses créatures, survient ; il s'approche d'Aminta, comme pour s'assurer que ce rival est bien mort, puis disparait.

Sylvia troublée, revient vers Aminta et pressant la flèche contre son cœur, lui demande pardon. Orion, profite de ce moment pour enlever Sylvia.

De retour, les paysans découvrent Aminta inanimé. Ils pleurent leur ami et désespérés supplient Eros de venir à leur secours. Un sorcier vient à passer par là.

Les paysans le pressent d'intervenir. Le sorcier se saisit d'un rameau d'olivier dont il effleure Aminta, celui-ci revient à la vie.

Aussitôt, le Berger s'inquiète du sort de Sylvia. Les villageois l'informent qu'Orion l'a enlevée. Ils désignent le sorcier comme étant son sauveur. Aminta s'empresse de le remercier et, devant tant de pouvoirs, le supplie de l'aider à retrouver Sylvia. Le sorcier ému se découvre : c'est Eros en personne. Mettant en garde Aminta, contre les dangers que celui-ci encoure, il lui indique la route par laquelle Orion a pris la fuite.

 

Acte II

 

La grotte, repaire d'Orion.

 

Orion, revient dans son repaire portant Sylvia qu'il dépose inanimée sur sa couche.

Il la contemple et exprime son plaisir d'avoir enfin Sylvia à sa merci.

Sylvia recouvre ses esprits. Apeurée, dans ce lieu inconnu peuplé de créatures et face à Orion, elle réalise qu'elle est l'impuissante captive du Chasseur Noir !

Elle repousse ses avances et tente de s'enfuir mais Orion lui barre la route.

Le chasseur Noir ne désarme pas : il tente une stratégie de séduction en mobilisant ses comparses pour la divertir.

Tous s'exécutent, se mettent à danser et à boire..

Une idée germe dans la tête de la captive : Elle décide de se joindre à eux, feignant de participer aux agapes pour mieux enivrer Orion, et prendre la fuite.

De fait, Orion totalement ivre, se fait de plus en plus pressant.

Pour parvenir à ses fins, Sylvia surjoue de ses charmes et offre à Orion une dernière coupe qu'il vide d'un trait. Il s'écroule.

Tous sont hors d'état, Sylvia reprend espoir.

Elle saisit son arc, et s'adresse à Eros. Elle lui demande pardon pour l'avoir outragé, et le supplie de venir à son secours.

Le Dieu de l'Amour paraît chevauchant Pégase.

Il pardonne, invite Sylvia à le suivre en lui promettant de la conduire vers Aminta.

 

Acte III

 

Près du temple de Diane.

 

La fête en l'honneur du dieu Bacchus bat son plein, réunissant en une même allégresse, paysans et petites divinités de la nature.

Aminta, désespéré par les résultats de sa vaine entreprise, prend les paysans à témoin de son infortune.

Bientôt l'espoir renait car Eros fait son entrée entouré des chasseresses. Pour éprouver un peu plus Aminta, il a choisi de  cacher Sylvia et de voiler ses comparses.

Tandis que dansent les nymphes, Aminta cherche à reconnaître son élue.

Eros finit par accéder au souhait du Berger et fait apparaître la belle Sylvia : Le couple est enfin réuni.

Mais la fête est brusquement interrompue par l'arrivée d'Orion bien déterminé à reprendre Sylvia.

Celle-ci apeurée se réfugie dans le temple de Diane. Aminta tente de s'opposer à Orion qui, forçant le passage parvient devant le sanctuaire. Mais c'est Diane qui apparaît.

Avant qu'il n'ait pu pénétrer dans temple, La Déesse tend son arc et tire... Le Chasseur s'effondre.

Alors, Diane tourne ses reproches vers sa fidèle Sylvia. Aminta se jette aux pieds de la déesse et s'accuse comme seul responsable de tout ce désordre.

La Chasseresse reste inflexible : cet humain doit être châtié.

Alerté du danger, Eros s'interpose. Il s'adresse à Diane dont il connait les tourments amoureux. La Déesse, déterminée, ne montre aucune faiblesse. Alors Eros fait apparaître Endymion.

Cette fois, Diane touchée au plus intime, se laisse attendrir et consent à laisser Sylvia aimer librement son berger.

Résignée, Diane prendra désormais la forme, sous laquelle on peut encore l'admirer de nos jours : La Lune, qui toutes les nuits éclairera Endymion, le bel endormi.