Rain before it falls...
To Svetlana Zakharova and Patrick De Bana
Musique : Carlos Pino Quintana, Ottorino Respighi, Johann Sebastian Bach
Chorégraphie : Patrick De Bana
Dramaturgie : Jean-François Vazelle
Lumères : James Angot
Costumes : Stephanie Bäeuerle
Création mondiale May 2016 Bolschoi Theatre - Moscow - Russia
Rain... before it falls.
« Ce qu'elle espérait trouver n'était qu'une chimère, un rêve, une chose irréelle : comme la pluie avant qu'elle tombe ».
Jonathan Coe
La passion amoureuse d’une femme dans tout ce qu’elle a de sublime et d’absolu.
La déclaration fanatique, fiévreuse, pleine de tendresse et de folie d’une femme qui s’est donnée toute entière à un homme qui jamais ne l’a reconnue.
Un cri déchirant d’une profonde humanité.
Au soir de sa vie, elle lui adresse une lettre pour lui révéler comment, sans qu'il n'en n'ait jamais rien su, elle a consacré et brûlé sa vie à son amour pour lui.
" Mon cher amour,
Lorsque tu arrivas dans ma vie, j’avais treize ans, et j’habitais dans la maison que tu habites encore, j’habitais sur le même palier, précisément en face de la porte de ton appartement. Tu ne te souviens certainement pas de nous. Certainement tu ne te rappelles plus, mon bien-aimé ; mais moi, oh ! Je me souviens passionnément du moindre détails : je sais encore, comme si c’était hier, le jour et même l’heure où j’entendis parler de toi pour la première fois, où pour la première fois je te vis, et comment en serait-il autrement puisque c’est alors que l’univers s’est ouvert pour moi ?
Pendant cinq années, je t'ai attendu en bas de l'immeuble et je t'épiais...
Mes parents ont déménagé, alors je suis revenue travailler dans cette ville pour ne pas te perdre.
J'allais même jusqu'à me faire inviter à une soirée où je savais que tu serais...
Perdant toute retenue, je t'ai invitée à danser, tu as accepté.
Tu m'avais promis de me rappeler tu ne l'as jamais fait !
Peu de temps après, je vis à l'opéra « Le Spectre de la Rose », cette femme qui retrouve son aimé dans le parfum de la fleur. Comme elle, à toi qui m'a tant ignorée, si rapidement oubliée, je t'enverrai Le Spectre de l'Amour : tous les ans et depuis plus de vingt ans, pour ton anniversaire, tu as reçu mes roses blanches. Je voulais que ces fleurs te troublent, t’enivrent.
Quelle prétention !.. les as-tu seulement senties ? Gardées ?
Je vais partir, ton vase restera vide désormais. Cette lettre, tu la recevras comme le Spectre de l'Adieu... Qu'il danse pour toi à jamais avec celui de l'Amour, cette ivresse qui a brûlée ma vie !
Mon amour, as-tu été autre chose que la pluie avant qu'elle tombe 1? C'est à dire : rien !
"L'amour est une si douce chimère, que le perdre, toute chimère qu'il est, c'est perdre plus que la vie"...2
Adieu pour jamais."