Le Corsaire
Ballet en trois actes
Chorégraphie : Manuel Legris
Livret/Dramaturgie : Manuel Legris et Jean-François Vazelle
Décors et Costumes : Luisa Spinatelli
Lumères : Marion Hewlett
Musiques de Adolphe Adam
Création mondiale le 20 mars 2016 au Wiener Staastoper - Vienne.
Création le 27 avril 2018 au Lithuanian National Opera - Riga - Lituanie.
Présentation.
Je connaissais ce projet de Manuel Legris bien avant qu'il ne me proposât d'y participer.
Enthousiaste dès l'abord, je ne pouvais tout de même écarter ce que l'on entend souvent affirmer : il ne faut pas toucher au patrimoine, en l'espèce aux Grands Classiques ; ou, au mieux, qu'il faut être inconscient ou très audacieux.
Pourtant, de plus en plus de chorégraphes contemporains - (au sens littéral : Qui appartient au temps présent.) - aiment à se confronter aux grands ballets du répertoire.
Je pense pour ma part, que mises bout à bout, ces relectures forment une chaîne qui remonte le temps, qui permet de se reconnecter avec l'œuvre originelle et son époque.
Il n'est alors plus question de simplement connaître ces références mais de les vivre en direct, et d'analyser l'évolution de l'héritage... Ainsi, le patrimoine se donne à comprendre, à savourer au présent.
En ce qui concerne cette production nouvelle du Corsaire, je crois pouvoir témoigner que l'ambition de Manuel Legris ne m'est apparue à aucun moment comme une démarche ego-centrée, mais résolument altruiste, tournée vers « son » Ballet, celui de l'Opéra de Vienne.
De fait, Vienne est géographiquement située au carrefour des deux grandes écoles, la russe et la française, dont les échanges furent innombrables.
Le Corsaire en est un bon exemple. En effet, Joseph Mazilier fait cette création à l'Opéra de Paris avant que Jules Perrot et Marius Petipa, les deux plus célèbres français du ballet russe ne présentent leurs propres versions.
Dans cette droite ligne, il me paraissait assez naturel, qu'après cinq années passées à la tête du Ballet de l'Opéra de Vienne, Le Danseur, archétype du classicisme français, veuille d'une certaine façon, faire un bilan du chemin parcouru.
Et puis Manuel me fit la proposition de rejoindre le projet.
Un honneur, une inestimable confiance, mais aussi l'angoisse de ne la décevoir en aucune façon.
Je me plongeais donc dans cet univers, revenais aux sources, m'imprégnant du magnifique Corsaire de Lord Byron, découvrant le livret de la création...
Dès notre première réunion de travail, Manuel savait exactement la direction qu'il souhaitait prendre.
« ...un Corsaire, aussi proche que possible de Lord Byron, au moins dans l'esprit, baignant dans cet orientalisme opulent, riche de couleurs chaudes telles qu'en témoignent les épisodes peints par Eugène Delacroix.
Pour la forme, une histoire simple, authentique, logique et accessible à tous. ».
Fort de cela, je me mettais au travail essayant de trouver le mot juste pour chacune des situations. Mais, en l'espèce, le librettiste n'est rien sans le souffle du projet chorégraphique. Ce fut donc une collaboration étroite aussi passionnée, exigeante qu'enrichissante.
Lorsque je doutais, ou craignais de trahir la pensée de Manuel, je repensais à Rudolf Noureev :
"The way to bring an old choreography to life is to rediscover a motivation for each movement; without that, there can be no truth."
« To be truth » ! Voilà bien le mot d'ordre : dans le respect de la tradition, présenter une danse classique de notre temps mettant en valeurs les qualités artistiques du Ballet et des solistes et enfin, si cette re-lecture peut inciter le public à découvrir davantage des personnages et de la danse, alors il fallait le faire !
Les Personnages :
Conrad Le Corsaire,
Médora, jeune fille noble,
Gulnare, jeune fille noble,
Lanquedem, Chef du Bazar, marchand d'esclaves,
Birbanto, lieutenant de Corand,
Zulméa, jeune villageoise,
Seyd Pasha, le Pacha,
Deux odalisques,
Les corsaires, les villageois, les esclaves
Le ballet.
Acte I
Prologue sur la plage.
Au terme d'une campagne fructueuse, Conrad accompagné de Birbanto son lieutenant et de ses corsaires approchent du rivage..
Sur le bord de mer, Lan'khadam, le Maître du Bazar, entouré de ses sbires s'envient à la recherche de nouvelles esclaves. Il sait, en effet, que d'imprudentes jeunes femmes de la ville-ennemie voisine, viennent s'y promener.
De fait, à peine se sont-ils mis à l'affût, que les insouciantes font leur apparition, emmenées par les nobles Medora et Gulnare.
Très vite, elles sont entourées, maitrisées.
En expert qu'il est, Lan'khadam choisit Medora et Gulnare, négligeant les autres.
Sous escorte, les deux belles sont entrainées vers le Bazar.
Le Bazar.
Parmi les échoppes hautes en couleurs, une foule nombreuse vaque à ses occupations quand arrive Lan'khadam et ses deux prisonnières.
Convaincu de la flamboyante beauté de Gulnare, Lan'khadam la confie à sa servante pour parfaire sa présentation tandis que Medora rejoint les autres esclaves.
Mais voilà qu'un nouvel événement anime le marché : l'arrivée de Conrad, Birbanto et des corsaires
Zulméa, fille d'un riche marchand jette rapidement son dévolu sur un Birbanto bien vite acquis...
Lan'khadam interpelle Conrad et lui propose de découvrir ses esclaves.
Celui-ci est visiblement peu intéressé par ce qu'il voit, alors Lan'khadam fait entrer Medora.
A l'évidence, le coup de foudre est réciproque !
Lan'khadam réalise qu'il tient là son client! Il écarte la belle et annonce au Corsaire qu'il peut avoir Medora. Mais qu'elle à un prix !
Conrad prêt à tout veut conclure, mais Seyd-Pasha fait son entrée.
Lan'khadam se ravise, le Pacha pourrait s'avérer un meilleur parti... Il confie Medora à sa servante.
Lan'khadam accueille Seyd-Pasha avec tous les égards, et connaissant ses faiblesses, lui présente les esclaves.
Devant son peu d'enthousiasme, Lan'khadam fait tout d'abord entrer Gulnare dont Seyd-Pasha découvre les charmes. Finalement conquis : il l'achète.
Seyd-Pasha s'apprête à partir. Lan'khadam le convainc de patienter quelques instants encore : Medora est amenée parée de ses plus beaux atours.
Medora, contrainte de danser pour Seyd-Pasha, déploie tous ses charmes à l'adresse de Conrad, ignorant quelque peu le Pacha qui s'empresse néanmoins de faire une proposition à Lan'khadam.
Tandis que les deux hommes entament leur marchandage, Conrad déclare son amour à une Medora inquiète par la transaction dont elle est l'objet. Conrad la rassure : elle partira avec lui et personne d'autre.
Mais, avant qu'il n'ait eu le temps de faire quoi que ce soit, le marché se conclut et Seyd-Pasha quitte les lieux avec ses deux nouvelles esclaves : Gulnare et Medora.
Conrad, bien décidé à reprendre sa bien-aimée demande à ses hommes de l'attendre et de se tenir prêts. Il part à la recherche de Medora.
Les Corsaires, confiant en la puissance de leur chef, se lancent dans une danse effrénée bientôt interrompue par son retour et celui de Medora retrouvée.
Un coup de feu retentit, Conrad donne ainsi le signal du départ. Birbanto veille à ce que les corsaires capturent Lan'khadam et les esclaves, il est rejoint par Zulméa, tous s'enfuient.
Acte II
Le Repaire des corsaires.
Dans le repaire sont entassés les richesses accumulées au fil des campagnes. Les femmes des corsaires y attendent le retour de leurs compagnons. Conrad et Medora arrivent ; elles les accueillent chaleureusement et s'enquièrent du sort de leurs amis. Il les rassure : les corsaires sont en chemin.
Leur premier moment d'intimité passé, Medora demande à Conrad de s'isoler quelques instants.
Peu de temps après, tous sont de retour. Les esclaves et Lan'khadam sont mis à l'écart tandis que hommes et femmes célèbrent leurs retrouvailles. Ils sont bientôt rejoints par Medora et Conrad.
Celui-ci présente à tous son nouvel amour, Medora profitant de ce moment, le supplie de libérer toutes les esclaves.
Qu'il en soit ainsi, Conrad intime l'ordre à Birbanto de satisfaire ce souhait.
Birbanto conteste : pourquoi renoncer aux esclaves ? La volonté de Medora est plus forte que tout, Conrad reste inflexible et ordonne leur libération immédiate.
Birbanto furieux obtempère, il jure de se venger.
Témoin de l'affaire, Lan'khadam s'approche de Birbanto et se propose de l'aider. Surpris, Birbanto prête néanmoins une oreille attentive au marchand, il libère le prisonnier de ses liens. Lan'khadam fournira un puissant narcotique qui, dissimulé dans une rose, le plongera dans un profond sommeil.
Birbanto ne pourrait trouver plus parfaite et dévouée messagère que sa tendre Zulméa, il lui demande donc de porter la fleur à Medora qui ne manquera surement pas de l'offrir à son amant...
De retour, Conrad et Medora donnent libre cours à leurs sentiments jusqu'à ce que la funeste Zulméa ne vienne porter la fleur empoisonnée. Comme prévu, dans un élan d'amour et songeant à leur première rencontre, Medora l'offre à son bien-aimé.
Conrad ému par ce geste, respire longuement ce voluptueux parfum, mais très vite, vaincu par un irrépressible sommeil, il titube et s'effondre.
Medora bouleversée essaye de lui porter secours alors que Birbanto et les corsaires, masqués, font irruption. Se sentant menacée, Medora s'empare du poignard de l'un d'eux, le blesse et reconnaît en lui Birbanto.
Cet événement imprévu déstabilise les corsaires et Birbanto plus encore qui cède à un instant de panique : Conrad commence à se réveiller ! Plus de temps à perdre, Birbanto presse Lan'khadam de partir au plus tôt et d'emmener Medora.
Revenant à lui, Conrad s'inquiète de l'absence de Medora. Birbanto, dissimulant sa blessure, feint l'ignorance.
Conrad est sceptique, mais tous disent ne rien savoir.
Troublé, mais n'ayant pas le choix, Conrad donne l'ordre du départ : il faut retrouver Medora ! Il réaffirme une dernière fois son indiscutable autorité.
Acte III
Le palais de Seyd-Pasha.
Tout n'est ici que luxe et volupté... Seyd-Pasha est entouré des femmes de son harem et de Gulnare devenue sa favorite. Elle semble pleinement satisfaite de sa nouvelle condition et de l'opulence mise à ses pieds.
En dette avec le Pacha, Lan'khadam ramène Medora.
Désorientée, la jeune femme s'apaise en retrouvant Gulnare qui l'entraîne dans ses appartements.
Pour remercier Lan'khadam de cette loyauté, Seyd-Pasha invite les Odalisque à le divertir, après quoi le marchand disparaît avec elles.
Le Pacha, s'abandonne à ses rêves : L'esprit de Seyd-Pasha erre dans « Le jardin animé », où Medora et Gulnare lui apparaissent...
Devant le palais, les corsaires cherchent un moyen d'y pénétrer . Conrad leur demande alors de se dissimuler le visage : ils doivent apparaître aux yeux de tous comme des pèlerins.
C'est alors que Lan'khadam croise leur chemin et s'enquière de leurs desseins. Les étrangers disent ne rien vouloir d'autre l'hospitalité du Pacha. Connaissant la générosité du Pacha, Lan'khadam se propose de se faire leur ambassadeur et de solliciter le Pacha.
A l'intérieur, les esclaves restées auprès de Seyd-Pasha, s'amusent de le voir encore endormi. Leur agitation tire le Pacha de sa torpeur. Lan'khadam entre et demande l'hospitalité au Pacha de bien vouloir accueillir les pèlerins.
De fait, on les fait entrer.
Bientôt Medora et Gulnare, se joignent à l'assemblée et s'étonnent de cette présence étrangère.
Conrad se révèle discrètement à Medora qui, heureuse mais méfiante, distrait l'attention de tous.
Conrad décide, sans plus tarder de passer à l'action. Il se dévoile, demande à ses corsaires d'en faire autant. Ils maîtrisent Lan'khadam et Seyd-Pasha.
Le regard soupçonneux de Medora est attiré par un seul corsaire encore couvert. Elle s'approche de lui et le démasque. Il s'agit bien de Birbanto. Alors Medora révèle à Conrad la véritable nature du traître. La blessure par elle infligée à Birbanto faisant foi, Conrad n'a plus aucun doute d'autant que lorsqu'il s'approche de Birbanto, celui-ci dégaine son arme.
Dans le combat Conrad blesse mortellement Birbanto.
Tous sont choqués par cette issue fatale imprévue. Néanmoins, et avant que les troupes du Pacha ne puissent intervenir, il faut partir !
Gulnare décline l'invitation de Medora, préférant rester auprès de Seyd-Pasha.
Epilogue.
Tandis que Medora se remet de ses émotions dans les bras de Conrad, les corsaires prépare l'appareillage. L'embarquement est promptement mené.
Hélas, une tempête se lève et engloutit le navire.
Tandis que la mer se calme, la lune se lève dans le ciel. Elle éclaire Conrad et Medora, qui ont réussi à regagner le rivage. Remerciant le ciel de les avoir sauvés, ils se jurent un amour éternel.